Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Oui et alors ? La suite .....
14 novembre 2016

Vous n'aurez pas sa haine

Difficile de passer à côté, ce week end on commémorait, entre autre, les attentats du  13 Novembre 2015

Tout le monde se souvient de ce qu'il faisait à ce moment là.

Moi j'étais en pyjama sur mon canapé entrain de regarder Kho Lanta quand j'ai reçu un sms de mon fils :

T'as vu ce qu'il se passe à Paris ?

Non quoi ?

Un attentat !

Ha bon ? Attends je zappe sur BFM

Et là je n'ai pas décollé de l'écran avant 1h du matin, scotchée, happée par l'information.

J'ai encore eu beaucoup d'empathie pour toutes les familles qui ont subi ce drame, peut-être parce que pendant plusieurs jours on a vécu l'angoisse des familles qui recherchaient un proche, peut-être parce que l'on a vu défiler sur les réseaux sociaux et à la télé tous ces visages souriants fauchés en pleine vie.

Quelques jours plus tard une lettre poignante a fait le tour de facebook. "Vous n'aurez pas ma haine"

Lettre qu''Antoine LEIRIS a écrite aux terroristes suite au décès de sa femme.

Moins d'un mois après, nous avions encore tous en mémoire ces atrocités et c'est lors d'un conseil municipal qu'a été évoqué la possibilité d'un endroit de recueillement et de souvenir en mémoire à toutes les victimes des attentats dans le monde entier. Nous avons choisi d'y planter un cêdre du Liban (mais je crois que finalement nous avons changé, l'arbre étant,  à maturité, trop important) et d'associé à ce geste les jeunes de notre assemblée qui, de leur côté, travaillait sur un projet, celui de mettre une stèle et d'y faire graver la lettre d'Antonie LEIRIS. Bien que public, il semblait normal de demander l'autorisation à l'auteur. Ce à quoi il a répondu positivement.

Le 13 janvier 2016, lors d'une petite cérémonie, 2 mois jours pour jours après les attentats, nous avons inauguré derrière la bibliothèque, notre jardin du souvenir.

Antoine LEIRIS, très touché par cette démarche, a souhaité, dans le cadre de la réalisation de son documentaire en collaboration avec karine DUSFOUR (son attachée de presse), venir à la rencontre de ces jeunes très marqués par ces évênements.

Il sont arrivés à 3, lui, sa co- réalisatrice et le preneur de son. Ils ont loué une voiture, visité les alentours, fait des prises de vues puis ils sont venus nous rencontrer.

Quelques banalités échangées, la réalisatrice qui s'extasie devant l'église, et puis devant"cette luminosité", et puis de nouveau devant cette église. Et puis nous emmenons Antoine LEIRIS dans notre jardin du souvenir pour une petite cérémonie. Quelques mots du maire, puis les 8 jeunes de l'assemblée qui sont  présents  lisent chacun leur tour la lettre. L'émotion est palpable.

C'est au tour d'Antoine LEIRIS de prendre la parole.

Rien n'a l'air d'être préparéi, il nous parle, il nous regarde tous (on est à peu près une vingtaine), il nous raconte ce jour ou tout à basculé, sa femme, son fils, de l'après, et l'émotion le submerge, il craque et  se met à pleurer, se cache le visage dans ses mains. On a tous les larmes aux yeux, elles coulent on ne s'en rend pas compte. On a tous envie de le serrer fort dans nos bras et lui dire que ça va aller.

Karine DUSFOUR nous avouera un peu plus tard que c'est la 1ère fois qu'elle le voit pleurer.

Les sourires sont vite revenus et Antoine LEIRIS s'est isolé avec les enfants afin de parler de leur ressenti face à cette violence, ces attentats, comment ils voient l'avenir, tout ça sous l'oeil discret de la caméra (en faite un appareil photo numérrique qui se laisse facilement oublié). 

La fin d'après midi c'est achevée dans la convivialité, c'est à dire autour d'un verre (après tout nous sommes au milieu des vignes) et de quelques produits locaux puis ils sont repartis vers Paris. Alors qu'il était dans le train qui le ramenait vers son fils, Antoine LEIRIS nous a envoyé un très touchant message de remerciements.

*******

Nous savions que le documentaire passerait le 13 novembre et nous étions tous très impatients.

Nous avons reçu un mail il y a 10 jours, malheureusement, la séquence filmée chez nous n'a pas été gardée au montage. La chaîne voulant un documentaire ne dépassant pas 70 mn il a fallu faire un choix. Antoine LEIRIS et Karine DUSFOUR ne remettent en rien la qualité de ce qui a été filmé, et nous expliquent qu'il a fallu faire des choix en fonction de ce qui était déjà montré plus avant. Ils nous ont par ailleurs transmis la version plus longue ou l'on voit les enfants et Antoine échanger très naturellement comme s'ils s'étaient toujours connus.

Hier soir j'ai regardé et comme à chaque fois les récits m'ont donné la chaire de poule.

J'espère plus jamais et pourtant rien n'est moins sûr, mais il y a en écho à tout ça des personnes comme Antoine LEIRIS et bien d'autres qui feront l'affront toute leur vie d'être malgré tout heureux.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
J'ai lu son livre quand il est sorti. J'avais naturellement lu sa lettre quand il l'avait écrit. <br /> <br /> J'ai encore des frissons quand j'écris ceci.
L
Précision, pas tous les jours au petit Cambodge, mais tous les jours rue de Charonne, il est à l'école de la bonne graine...
L
Je refuse d'avoir peur, je refuse d'y penser, je refuse de revoir les images ou d'entendre encore les voix, je veux juste arrêter de pleurer. Mon fils ainé y a perdu un pote, un autre a été blessé, mon cadet passe TOUS les jours devant le petit Cambodge. Ils refusent l'un comme l'autre, comme leur soeur, la peur, l'angoisse, la colère et les amalgames. Leur avenir c'est ce monde là. Et ils le veulent HUMAIN;<br /> <br /> Embrasse tes jeunes pour moi, dis leur que les nôtres aussi sont dans le même esprit "Ils n'auront pas notre haine".
Oui et alors ? La suite .....
Publicité
Archives
Publicité